CategoryLe coin des lecteurs

Trilogie SPIN / AXIS / VORTEX, Robert Charles WILSON, Tor Books, 2012

Une nuit, trois enfants assistent sans comprendre à la disparition des étoiles. La terre entière vient d’être enveloppée dans une membrane mystérieuse, vite surnommée le Spin, qui l’isole du reste de l’univers, sous les feux d’un soleil artificiel. A chaque minute qui passe sur terre, des dizaines de milliers d’années s’écoulent en réalité. D’où vient le spin ? Qui sont les Hypothétiques qui l’ont mis en place, que veulent-ils ? Surtout, comment les hommes vont-ils vivre dans ce nouvel environnement qui leur échappe complètement. Voici l’intrigue du premier roman de la trilogie du spin. Je ne dévoilerai pas celle des deux autres volumes, afin de ne pas déflorer la conclusion du premier…

A travers le récit de la vie de ces trois enfants dans le monde du spin, jusqu’à l’âge adulte, c’est toute la fragilité et la détresse propre à la condition humaine qui est décrite ici. Loin des héros classiques que l’on peut trouver dans les sagas de SF, qui ne restent pas passifs, qui combattent, cherchent à influer sur les évènements, déjouer des menaces, dans des combats parfois épiques, les personnages de Robert Charles Wilson sont ici complètement dépassés, désarmés. A part le personnage de Jason qui, devenu un scientifique très renommé, cherchera toute sa vie à faire échapper l’humanité au spin, les héros ne font rien de plus extraordinaire que le reste des humains. Car c’est une constante de ces trois romans : Les personnages s’interrogent, ils aiment, ils souffrent… ils vivent leur vie en somme, mais jamais ils n’ont de prise sur les évènements, ou si peu… Pourtant, les romans ne sont pas exempts de rebondissements cosmiques absolument merveilleux.

Car il y a bien deux principales forces dans ces trois romans, tout particulièrement d’ailleurs dans le premier, « spin ».

 La première, c’est l’originalité et la puissance de l’idée de départ, celle de cette membrane spin, ainsi que la description époustouflante des conséquences impressionnantes que cela a pour la terre en tant qu’écosystème (l’homme étant l’une des espèces de cet écosystème) dans l’univers… La largeur de champ du roman laisse parfois pantois, et chaque volume a son idée force, chacune avec une puissance poétique absolument remarquable. La membrane Spin, bien sûr, mais sans en dévoiler trop, la pluie de cendres dans Axis, et l’état nomade de Vox dans Vortex… Lisez, vous comprendrez et ne serez pas déçus !

La seconde, c’est la dimension paradoxalement humaniste du travail de Wilson. Bien que l’homme soit complètement dépassé et minuscule dans l’univers tel que le conçoit l’auteur, c’est bien l’être humain qui est au cœur du romain. L’auteur adopte un point de vue très intimiste, très proche de ses personnages, auxquels on s’attache rapidement car ils sont plus que crédibles, ils sont réels. Grâce à une grande finesse d’écriture, une grande délicatesse et une bonne connaissance des tréfonds de l’âme humaine, Wilson fait de l’empathie totale un enjeu absolu.

Tout cela fait de la trilogie Spin une œuvre de SF particulièrement originale et forte, avec un propos et une ambiance qui marquent durablement le lecteur.

Yves

Le grand coeur, Jean-Christophe RUFIN, Gallimard, 2012

Épopée historique au moyen âge, facile à lire, fait voyager et découvrir une période ainsi que l’invention d’une certaine forme de commerce.

Plaisant et agréable.

Johanna

http://www.youtube.com/watch?v=ziGy1WyiB3E

Le caveau de famille, Katarina MAZETTI, Actes Sud, 2012

Criant de vérités !

Aussi bien que « Le mec de la tombe d’à côté« , réaliste, trépidant et pourtant tellement banal.

On s’y retrouve avec ses voisins, personne n’y échappe.

Un match de ping-pong entre héros de tous les jours.

Johanna

Un employé modèle, Paul CLEAVE, Sonatine, 2010

Personne ne se méfie de Joe, homme de ménage simplet travaillant au commissariat de Christchurch, Nouvelle Zélande. Mais on a bien tort. Car cette façade inoffensive est une mascarade, une couverture. Joe est le boucher de Christchurch, le tueur en série derrière lequel courent, sans succès, ses employeurs. Et ils vont courir longtemps, car Joe ne tue pas par compulsion, par sadisme. Il tue juste parce qu’il le peut et que c’est le moyen le plus simple pour lui de vivre sa sexualité. Joe ne fait aucune erreur, ne laisse aucune trace, et peut contrôler de près, et pour cause, l’avancée de l’enquête. Mais quand un copycat s’invite dans le petit train train meurtrier de Joe, ce dernier s’improvise par jeu enquêteur pour lui rendre la monnaie de sa pièce et lui coller ses crimes sur le dos.

Une chose est sûre, c’est que ce thriller sait jouer avec le lecteur. En prenant à revers tous les clichés sur le roman policier et en particulier sur le roman de serial killer, Paul CLEAVE crée un anti héros unique, à la fois repoussant et attachant. Certains crieront au plagiat, car on pense immanquablement à Dexter, la série US qui suit le quotidien d’un serial killer, sauf qu’un employé modèle a été écrit bien avant la sortie de la série… autre différence, et de taille : Dexter, en ne tuant que des criminels qui échappent au système pour assouvir ses pulsions, est héroïsé, positivé. On accepte ses meurtres et on veut qu’il s’en sorte. Joe, lui, tue des innocentes, des prostituées, des mères de famille. Sans aucune excuse, sans aucun traumatisme initial pour le déresponsabiliser (quoique, sa relation avec sa mère…). Bref, Joe est antipathique, mais on adore le détester. Malin, cynique, avec un humour follement noir qui fait mouche à chaque (car on rit beaucoup dans ce roman, avant d’être à chaque fois rabroué par l’horreur des situations), il ne comprend pas pourquoi il se priverait de faire tout simplement ce qu’il peut faire. Bref, un thriller furieusement original, haletant, sombre, violent, drôle… une véritable réussite !

Yves

The city and the city, China MIEVILLE, Fleuve noir, 2011

 

Besźel et d’Ul Qoma sont deux villes voisines… enfin, pas tout à fait, puisqu’elles partagent par endroits un même territoire. Dans les espaces communs, les habitants de chacune des deux cités sont contraints de s’ignorer les uns les autres, que ce soit par la vue ou l’ouïe. Déroger à cette règle, c’est « rompre », et menacer l’autonomie de l’identité de ces deux villes, donc l’existence même, des deux villes. Et rompre, c’est déclencher l’intervention de « la rupture », police mystérieuse, omnipotente, opérant dans les interstices entre les deux espaces pour dispenser une terrible justice. Lorsque l’inspecteur Borlù de la police de Besźel est appelé pour enquêter sur la découverte du cadavre d’une jeune archéologue, les ennuis commencent lorsqu’il découvre que l’assassinat a eu lieu à Ul Qoma, et que la victime pourrait très bien être au milieu d’un complot menaçant la survie des deux cités.

Outre un scénario « noir » efficace et malin faisant honneur à ses influences autoproclamées du côté de Raymond CHANDLER, le tour de force de ce roman est de parvenir à créer, à partir du destin invraisemblable de ces deux villes, un univers parfaitement crédible, sensible, vivant. En refusant de donner au lecteur une description précise de la manière dont les deux villes s’entremêlent, mais en s’appuyant sur une série de néologismes brillants (« éviser » et « inouïr », par exemple, c’est éviter de voir ou d’entendre un habitant ou un objet de la cité voisine…), China MIEVILLE fait travailler notre imagination à plein régime, ce qui est un véritable délice, et chacun se fera « sa » propre géographie des deux villes. C’est vrai que l’on pense immanquablement à Philip K. DICK, mais cet univers vit sa propre vie, et je l’ai dévoré avidement ! une excellente surprise à découvrir au plus vite.

Yves

Australia Underground, Andrew Mc GAHAN, Actes Sud, 2008

Une vision noire de l’après 11 septembre avec une plongée dans l’extrémisme et le fascisme, … et la sur-manipulation politico-économique au profit de l’ultralibéralisme.
Le summum de la machination d’état.
… que l’homme est petit…
A part ça, l’action est au rendez-vous, sans aucune pause.
C’est l’anti-James Bond.

Johanna

La règle de quatre, Ian CALDWELL, Dustin THOMASON, Michel Lafon, 2005

Mélange d’Histoire, d’Art, de mystère et d’enquêtes.
De l’action, ça bouge beaucoup et on ne s’ennuie à aucun moment.
J’aime beaucoup.

Johanna

Mémoires de porc-épic, Alain MABANCKOU, Points, 2007

Un roman-conte africain, surprenant, déroutant, original.
Je le trouve très drôle bien qu’il soit très noir!

Johanna

http://www.youtube.com/watch?v=9EpcA1MCIwU

Le manoir de Tyneford, Natasha SOLOMONS, Calmann-Lévy, 2012

Romantique et « british ».
Un petit monde à part, touché par le racisme et la seconde guerre mondiale.
Jolie fresque où se mélangent les couches sociales, peut-être un peu trop idéaliste

Johanna

Le tigre blanc, Aravind ADIGA, Buchet Chastel, 2008

Une présentation originale, un roman noir et réaliste, une écriture simple, crue, acerbe, amorale et vraie.
Un vrai anti-héros. J’aime assez.

Johanna