Une nuit, trois enfants assistent sans comprendre à la disparition des étoiles. La terre entière vient d’être enveloppée dans une membrane mystérieuse, vite surnommée le Spin, qui l’isole du reste de l’univers, sous les feux d’un soleil artificiel. A chaque minute qui passe sur terre, des dizaines de milliers d’années s’écoulent en réalité. D’où vient le spin ? Qui sont les Hypothétiques qui l’ont mis en place, que veulent-ils ? Surtout, comment les hommes vont-ils vivre dans ce nouvel environnement qui leur échappe complètement. Voici l’intrigue du premier roman de la trilogie du spin. Je ne dévoilerai pas celle des deux autres volumes, afin de ne pas déflorer la conclusion du premier…

A travers le récit de la vie de ces trois enfants dans le monde du spin, jusqu’à l’âge adulte, c’est toute la fragilité et la détresse propre à la condition humaine qui est décrite ici. Loin des héros classiques que l’on peut trouver dans les sagas de SF, qui ne restent pas passifs, qui combattent, cherchent à influer sur les évènements, déjouer des menaces, dans des combats parfois épiques, les personnages de Robert Charles Wilson sont ici complètement dépassés, désarmés. A part le personnage de Jason qui, devenu un scientifique très renommé, cherchera toute sa vie à faire échapper l’humanité au spin, les héros ne font rien de plus extraordinaire que le reste des humains. Car c’est une constante de ces trois romans : Les personnages s’interrogent, ils aiment, ils souffrent… ils vivent leur vie en somme, mais jamais ils n’ont de prise sur les évènements, ou si peu… Pourtant, les romans ne sont pas exempts de rebondissements cosmiques absolument merveilleux.

Car il y a bien deux principales forces dans ces trois romans, tout particulièrement d’ailleurs dans le premier, « spin ».

 La première, c’est l’originalité et la puissance de l’idée de départ, celle de cette membrane spin, ainsi que la description époustouflante des conséquences impressionnantes que cela a pour la terre en tant qu’écosystème (l’homme étant l’une des espèces de cet écosystème) dans l’univers… La largeur de champ du roman laisse parfois pantois, et chaque volume a son idée force, chacune avec une puissance poétique absolument remarquable. La membrane Spin, bien sûr, mais sans en dévoiler trop, la pluie de cendres dans Axis, et l’état nomade de Vox dans Vortex… Lisez, vous comprendrez et ne serez pas déçus !

La seconde, c’est la dimension paradoxalement humaniste du travail de Wilson. Bien que l’homme soit complètement dépassé et minuscule dans l’univers tel que le conçoit l’auteur, c’est bien l’être humain qui est au cœur du romain. L’auteur adopte un point de vue très intimiste, très proche de ses personnages, auxquels on s’attache rapidement car ils sont plus que crédibles, ils sont réels. Grâce à une grande finesse d’écriture, une grande délicatesse et une bonne connaissance des tréfonds de l’âme humaine, Wilson fait de l’empathie totale un enjeu absolu.

Tout cela fait de la trilogie Spin une œuvre de SF particulièrement originale et forte, avec un propos et une ambiance qui marquent durablement le lecteur.

Yves