Jonathan Gates nous raconte son histoire. Une bien étrange histoire. Jeune étudiant, il fréquente un cinéma d’art et essai tenu par Clarissa, une spécialiste exigeante du 7e art dont il tombe amoureux et qui va l’initier aussi bien à l’amour qu’au cinéma français et italien. Ensemble, ils découvrent une copie d’un film perdu d’un réalisateur de séries B horrifiques des années 30, Max Castle. Ce film va créer chez eux une telle impression de malaise poisseux que Clarissa rejette totalement Caste, tandis que Jonathan en devient littéralement obsédé, retrouvant dans ses autres nanars des sensations semblables, bien que plus fugaces. Il va alors se lancer dans une véritable enquête sur Max Castle et ses films pour essayer de comprendre ce qui est à l’œuvre dans le scintillement (flicker, titre original du roman) de ces films. En chemin, il va plonger dans les coulisses impitoyables des studios américains, dans les arcanes de la réalisation et du montage, rencontrer ou dialoguer avec des légendes (la rencontre d’Orson Welles vaut à elle seule la lecture du livre !) et découvrir quelque chose qu’il n’aurait vraiment pas dû…

Rarement ai-je été autant enthousiasmé par un livre avec un titre aussi cheap, qui tente manifestement de capter les lecteurs de Dan Brown et Maxime Chatham, ce qui n’est pas en soi honteux mais ne rend pas justice au roman. Car pour moi, ce livre est au cinéma ce que Le nom de la rose est au Moyen Age (avec un savoureux parfum de Pendule de Foucault, pour rester dans la référence à Umberto Eco), à savoir un passionnant thriller d’une folle érudition, brillamment construit, jamais aride, aux personnages attachants. La naïveté du héros, jeune néophyte qui découvre en même temps que nous cet univers complexe et fascinant, rappelle fortement celle du novice arrivant dans le monastère du Nom de la Rose où il fera, comme Jonathan, son éducation érotique, avec une paysanne.

Ce livre parvient surtout à transmettre une immense passion pour le cinéma comme vecteur et créateur des émotions humaines les plus profondes et complexes. Ce livre m’a en plus donné envie de revoir les films de Welles, Bogart, Huston ! Ne soyez pas effrayés par les presque 800 pages, il s’agit d’un coup de cœur absolu !!!

Yves