Personne ne se méfie de Joe, homme de ménage simplet travaillant au commissariat de Christchurch, Nouvelle Zélande. Mais on a bien tort. Car cette façade inoffensive est une mascarade, une couverture. Joe est le boucher de Christchurch, le tueur en série derrière lequel courent, sans succès, ses employeurs. Et ils vont courir longtemps, car Joe ne tue pas par compulsion, par sadisme. Il tue juste parce qu’il le peut et que c’est le moyen le plus simple pour lui de vivre sa sexualité. Joe ne fait aucune erreur, ne laisse aucune trace, et peut contrôler de près, et pour cause, l’avancée de l’enquête. Mais quand un copycat s’invite dans le petit train train meurtrier de Joe, ce dernier s’improvise par jeu enquêteur pour lui rendre la monnaie de sa pièce et lui coller ses crimes sur le dos.

Une chose est sûre, c’est que ce thriller sait jouer avec le lecteur. En prenant à revers tous les clichés sur le roman policier et en particulier sur le roman de serial killer, Paul CLEAVE crée un anti héros unique, à la fois repoussant et attachant. Certains crieront au plagiat, car on pense immanquablement à Dexter, la série US qui suit le quotidien d’un serial killer, sauf qu’un employé modèle a été écrit bien avant la sortie de la série… autre différence, et de taille : Dexter, en ne tuant que des criminels qui échappent au système pour assouvir ses pulsions, est héroïsé, positivé. On accepte ses meurtres et on veut qu’il s’en sorte. Joe, lui, tue des innocentes, des prostituées, des mères de famille. Sans aucune excuse, sans aucun traumatisme initial pour le déresponsabiliser (quoique, sa relation avec sa mère…). Bref, Joe est antipathique, mais on adore le détester. Malin, cynique, avec un humour follement noir qui fait mouche à chaque (car on rit beaucoup dans ce roman, avant d’être à chaque fois rabroué par l’horreur des situations), il ne comprend pas pourquoi il se priverait de faire tout simplement ce qu’il peut faire. Bref, un thriller furieusement original, haletant, sombre, violent, drôle… une véritable réussite !

Yves